Hydromel : le premier alcool

L’hydromel est une boisson fermentée à base d’eau et de miel. Il est difficile de dater précisément son apparition dans l’histoire. On pense, mais c’est une simple supposition, que l’homme aurait connu l’hydromel il y a entre 20 000 et 40 000 ans suite à l’inondation de ruches qui aurait entraîné la fermentation du miel.

Les premières preuves de l’existence de l’hydromel remontent à 9000 ans, dans la province de Henan, au nord de la Chine.

Le Melomel

Le melomel est une boisson fermentée issue du miel. À la différence de son cousin l’hydromel, l’ajout de fruits ou d’épices permet d’explorer un large éventail de saveurs et de venir sublimer les miels sélectionnés.

Nos produits

Histoire et emplois du miel,

de l’hydromel et des produits de la ruche

Cette liqueur spiritueuse, qui a longtemps constitué la boisson des peuples du Nord, s’obtient par fermentation d’une dissolution aqueuse de miel. C’est fortuitement que la découverte de l’hydromel eut lieu et il est très
vraisemblable qu’elle a été faite lorsque des chasseurs ont découvert une ruche abandonnée remplie d’eau de pluie. Ils burent et se régalèrent de cette eau sucrée, sans avoir conscience qu’elle avait subi une fermentation alcoolique. C’est en cherchant à reproduire ce délicieux breuvage que l’art de la fabrication de l’hydromel est né. Comme la fermentation était très difficile à mener, elle prit des caractères mystiques et religieux et, partant, l’hydromel fut considéré comme un breuvage divin.

L’hydromel est probablement la plus vieille boisson alcoolisée connue, avant même le vin. Apparu en Europe après les invasions vikings, l’hydromel était toutefois connu des Hindous, et les vedas, livres sacrés de l’Inde, datant de 4 000 ans ou plus, le mentionnent. Dans ces écrits, nous trouvons que les dieux Krishna et Indra sont nés du miel, et que l’hydromel est la source des félicités du paradis de Vishnu.

Dans la Grèce antique, l’hydromel constituait la boisson principale, et la tradition voulait que ce fût la boisson d’excellence des dieux et des héros, tombée des Paradis sur terre sous forme de rosée, butinée par les abeilles, et ainsi donnée généreusement aux hommes ; c’était l’ambroisie de l’Olympe.

Suryaprajnapti Sutra; astronomie
India,ca. 1500
« Sága servant à Odin de l’hydromel dans une coupe d’or » Jenny Nyström (1893)

Dans la saga d’Orphée, Zeus donne à boire de l’hydromel à son père Cronos, faute d’avoir du vin. Par la suite, l’hydromel a été considéré comme une boisson digne des dieux de l’Olympe, qui rendait immortel. Les Grecs attribuaient donc à l’hydromel des propriétés magiques et sacrées. Ainsi, à Delphes, la pythie, rendant les oracles au nom d’Apollon, aurait, avant de procéder à toute divination, consommé un hydromel à base de miel et de plantes toxiques en faible quantité, la jusquiame étant la principale d’entre elles ; la pythie mettait encore à profit la fumée des graines de cette Solanacée pour s’enivrer et prophétiser.Les Grecs croyaient donc que l’hydromel prolongeait la vie, conférait la santé, la force, la virilité, procurait l’intelligence, l’inspiration poétique.

N’oublions pas cependant que déjà 1 500 ans avant notre ère, la vigne était en faveur chez les Grecs, qui mangeaient ses fruits et les pressaient pour obtenir le vin. C’était une boisson populaire et un culte était rendu à Dionysos, fils de Zeus, dieu du bien-boire. Les vertus toniques, reconstituantes et antiseptiques du vin étaient également reconnues.

« La fureur de Jupiter contre les Géants usurpateurs » Fresque (XVIe siècle) de Giulio Romano et de ses aides à l’intérieur du Palazzo te, Mantoua, Lombardie, Italie.
Jupiter commande à Mercure d’aller délivrer Io – François Verdier (1652 – 1730)

Dans la saga d’Orphée, Zeus donne à boire de l’hydromel à son père Cronos, faute d’avoir du vin. Par la suite, l’hydromel a été considéré comme une boisson digne des dieux de l’Olympe, qui rendait immortel. Les Grecs attribuaient donc à l’hydromel des propriétés magiques et sacrées. Ainsi, à Delphes, la pythie, rendant les oracles au nom d’Apollon, aurait, avant de procéder à toute divination, consommé un hydromel à base de miel et de plantes toxiques en faible quantité, la jusquiame étant la principale d’entre elles ; la pythie mettait encore à profit la fumée des graines de cette Solanacée pour s’enivrer et prophétiser.Les Grecs croyaient donc que l’hydromel prolongeait la vie, conférait la santé, la force, la virilité, procurait l’intelligence, l’inspiration poétique.

N’oublions pas cependant que déjà 1 500 ans avant notre ère, la vigne était en faveur chez les Grecs, qui mangeaient ses fruits et les pressaient pour obtenir le vin. C’était une boisson populaire et un culte était rendu à Dionysos, fils de Zeus, dieu du bien-boire. Les vertus toniques, reconstituantes et antiseptiques du vin étaient également reconnues.

Pline – L’Ancien (Plinio Secondo, Cesare Cantù, 1859)

Les Romains connaissaient également l’hydromel, mais c’est de loin le vin qu’ils consommaient, la vigne étant largement implantée en Italie et dans les pays de l’Empire. Ils avaient annexé Dionysos, lui donnant le nom de Bacchus dans leur Panthéon des divinités, et le vénéraient en lui rendant un culte très appuyé.

Dans son Histoire Naturelle, Pline indique que l’on peut préparer aisément l’hydromel en diluant le miel avec de l’eau de pluie, en concentrant jusqu’au tiers la solution obtenue qui, abandonnée pendant quarante jours au soleil, livrait une liqueur agréable, pouvant posséder en vieillissant l’arôme du bon vin. Cette coutume datait d’avant l’élevage des abeilles par l’homme et c’est ainsi que les Scythes, tribus semi-nomades vivant entre le Danube et le Don du VIIIe siècle au IIe siècle avant Jésus-Christ, recherchaient des ruches d’abeilles dans le tronc des chênes et les anfractuosités rocheuses afin d’en récupérer le miel qu’ils dégustaient comme aliment ou soumettaient à la fermentation.

Les Gaulois consommaient l’hydromel et la cervoise. La consommation de l’hydromel déclina dans le sud de l’Europe lorsque la vigne se développa, avec la conquête romaine, et que le vin devint une boisson populaire prisée. Toutefois, dans le nord de l’Europe, la culture de la vigne étant exclue à cause du climat, l’hydromel resta une boisson de choix au même titre que la cervoise.

Dans les pays nordiques, l’hydromel, largement consommé comme la bière, a une origine divine et c’est ainsi que dans la mythologie Scandinave et germanique, il est rapporté que les guerriers les plus valeureux tués au combat étaient reçus par les Walkyries dans l’immense palais appelé Walhalla, où régnait Wotan, dieu de la guerre et du savoir ; ils s’entraînaient le jour en vue du combat final contre les démons et la nuit, festoyaient et s’enivraient d’hydromel. Wotan, disait-on, devait sa force à l’hydromel que les dieux avaient accordé par faveur pour son allaitement.

Pour la mythologie celtique, l’hydromel coule comme une rivière au Paradis, alors que dans la culture anglo-saxonne, l’hydromel assure l’immortalité, le savoir et l’inspiration poétique.

Moines dans une cave, 1873
(Monks in a cellar, 1873 )
J. Haier

Hors l’Europe du Nord, l’hydromel fut supplanté par le vin et la bière, meilleur marché, et il devint plus une curiosité qu’une boisson traditionnelle, statut qui est encore le sien de nos jours, même dans les pays nordiques où la consommation de bière prédomine. Néanmoins, au Moyen Âge et à la Renaissance, l’hydromel était une boisson alcoolisée encore très recherchée.

Actuellement, à côté de l’hydromel traditionnel, obtenu à partir du miel seul, on commercialise des hydromels à base d’herbes aromatiques et d’ épices ou encore additionnés de fruits ou de jus de fruit (les melomels).

 

Revue d’histoire de la pharmacie
Histoire et emplois du miel, de l’hydromel et des produits de la ruche
Claude Viel, Jean-Christophe Doré
Pline – L’Ancien (Plinio Secondo, Cesare Cantù, 1859)

Les Romains connaissaient également l’hydromel, mais c’est de loin le vin qu’ils consommaient, la vigne étant largement implantée en Italie et dans les pays de l’Empire. Ils avaient annexé Dionysos, lui donnant le nom de Bacchus dans leur Panthéon des divinités, et le vénéraient en lui rendant un culte très appuyé.

Dans son Histoire Naturelle, Pline indique que l’on peut préparer aisément l’hydromel en diluant le miel avec de l’eau de pluie, en concentrant jusqu’au tiers la solution obtenue qui, abandonnée pendant quarante jours au soleil, livrait une liqueur agréable, pouvant posséder en vieillissant l’arôme du bon vin. Cette coutume datait d’avant l’élevage des abeilles par l’homme et c’est ainsi que les Scythes, tribus semi-nomades vivant entre le Danube et le Don du VIIIe siècle au IIe siècle avant Jésus-Christ, recherchaient des ruches d’abeilles dans le tronc des chênes et les anfractuosités rocheuses afin d’en récupérer le miel qu’ils dégustaient comme aliment ou soumettaient à la fermentation.

Les Gaulois consommaient l’hydromel et la cervoise. La consommation de l’hydromel déclina dans le sud de l’Europe lorsque la vigne se développa, avec la conquête romaine, et que le vin devint une boisson populaire prisée. Toutefois, dans le nord de l’Europe, la culture de la vigne étant exclue à cause du climat, l’hydromel resta une boisson de choix au même titre que la cervoise.

Dans les pays nordiques, l’hydromel, largement consommé comme la bière, a une origine divine et c’est ainsi que dans la mythologie Scandinave et germanique, il est rapporté que les guerriers les plus valeureux tués au combat étaient reçus par les Walkyries dans l’immense palais appelé Walhalla, où régnait Wotan, dieu de la guerre et du savoir ; ils s’entraînaient le jour en vue du combat final contre les démons et la nuit, festoyaient et s’enivraient d’hydromel. Wotan, disait-on, devait sa force à l’hydromel que les dieux avaient accordé par faveur pour son allaitement.

Pour la mythologie celtique, l’hydromel coule comme une rivière au Paradis, alors que dans la culture anglo-saxonne, l’hydromel assure l’immortalité, le savoir et l’inspiration poétique.

Moines dans une cave, 1873

(Monks in a cellar, 1873 ) 

J. Haier

Hors l’Europe du Nord, l’hydromel fut supplanté par le vin et la bière, meilleur marché, et il devint plus une curiosité qu’une boisson traditionnelle, statut qui est encore le sien de nos jours, même dans les pays nordiques où la consommation de bière prédomine. Néanmoins, au Moyen Âge et à la Renaissance, l’hydromel était une boisson alcoolisée encore très recherchée.

Actuellement, à côté de l’hydromel traditionnel, obtenu à partir du miel seul, on commercialise des hydromels à base d’herbes aromatiques et d’ épices ou encore additionnés de fruits ou de jus de fruit (les melomels).

 

 

‘’Revue d’histoire de la pharmacie
Histoire et emplois du miel, de l’hydromel et des produits de la
ruche
Claude Viel, Jean-Christophe Doré’’

Le premier Hydromelier

Du temps qu’on ne connaissait pas encore l’hydromel, un vieillard eut l’idée de diluer du miel avec de l’eau et de laisser le liquide fermenter toute la nuit. Le jour venu, il en but un peu et le trouva délicieux, mais personne d’autre ne voulut y goûter, craignant que ce ne fut du poison. Le vieillard dit qu’il ferait l’expérience car, à son âge, la mort serait de peu d’importance. Il but et s’écroula comme s’il était mort. Mais, pendant la nuit, il revint à lui et expliqua à tous que ce n’était pas du poison. Les hommes creusèrent une plus grande auge dans un tronc d’arbre, et burent autant d’hydromel qu’ils purent préparer. C’est un oiseau qui creusa le premier tambour, il le battit toute la nuit et, le lendemain, il se changea en homme.

A. Metraux, Myths and Tales of the Matako Indians, 1939.

Création et meurtre de Kvasir

A la fin du conflit qui opposa pendant longtemps les Ases et les Vanes, les dieux décidèrent de sceller leur réconciliation. Ils crachèrent ensemble dans un grand chaudron d’où émergea un Géant qui possédait la Connaissance de toute chose et la Sagesse infinie. L’utilisation de la salive pour provoquer la saccharification est utilisée dans les anciennes civilisations comme par exemple la chicha des incas.Satisfaits de leur œuvre, les dieux le nommèrent Kvasir (Salive) et ils l’envoyèrent en Midgard pour qu’il donne son enseignement aux hommes.

Il sillonna longtemps les terres de Mannheim, parfois en compagnie des dieux quand ceux-ci quittaient leur domaine pour découvrir le monde des hommes. Partout où il allait, les gens s’arrêtaient de travailler pour venir l’écouter.

« La mort de Kvasir » F. Stassen

Un soir Kvasir fut abordé par deux nains Galar et Fjalar qui l’invitèrent chez eux; mais sitôt arrivés, ils le tuèrent. Ils le vidèrent de son sang qu’ils recueillirent dans deux cuves nommées Bodn et le chaudron Odroerir. Ils mélangèrent ensuite à son sang du miel et confectionnèrent ainsi un hydromel qui conférait à celui qui en buvait la Connaissance et le don de Poésie.

Pour cacher leur crime aux dieux qui s’inquiétaient de sa disparition, ils affirmèrent que Kvasir était mort, étouffé par l’immensité de son savoir que personne ne parvenait à prendre en défaut.
Devant la réussite facile de leur forfait, Fjalar et Galar décidèrent de recommencer avec un autre Géant.

Des nains à Suttung

 

Le géant Gilling et son épouse furent invités à festoyer par les deux nains Fjalar et Galar qui venaient de tuer Kvasir et confectionner l’hydromel à partir de son sang.

Sous le prétexte de montrer un bon coin de pêche à Gilling, ils laissèrent son épouse dans leur grotte et amenèrent le Géant dans leur barque. La promenade fut de courte durée car les nains dirigèrent leur embarcation vers des récifs où elle se renversa, et le géant qui ne savait pas nager se noya tandis que les nains, accrochés à leur bateau, regagnèrent le rivage.

Ils annoncèrent l’air contrit la triste nouvelle à l’épouse de Gilling. Pour calmer les pleurs de l’infortunée veuve, Fjalar lui proposa d’aller voir le funeste endroit où reposait son époux; mais Galar était posté à la sortie de la grotte et fit rouler une énorme meule qui écrasa la pauvre femme.

Gilling avait un fils nommé Suttung qui, s’inquiétant de la disparition de ses parents, se rendit à la grotte. Il comprit rapidement ce qui s’était passé. Il attrapa les deux nains et les attacha à un rocher qui serait rapidement recouvert par les eaux à la marée montante. Les deux nains implorèrent Suttung de leur laisser la vie sauve en échange de quoi ils lui donneraient l’hydromel poétique qu’ils avaient fabriqué.

Odin se mit à la recherche du fameux hydromel des scaldes. Sous le nom de Bolverkr (malfaiteur) il traversa les terres de Suttung et il proposa aux neuf serviteurs qui fauchaient les champs d’affuter leurs outils. Puis il lança en l’air sa pierre à aiguiser et les hommes se battirent à mort pour la récupérer. Il proposa à Baugi, le frère de Suttung de remplacer les neuf serviteurs. Pour avoir travaillé tout l’été il devait recevoir une gorgée d’hydromel mais à la fin du contrat, Suttung refusa de lui donner la moindre goutte.

« Le géant Suttung et les nains » par Louis Huard (1813-1874)
« Baugi perçant la montagne » F. Stassen

Après avoir passé trois nuits avec Gunnlod, elle lui offrit trois gorgées d’hydromel. En fait en trois gorgées il vida complétement le récipient. Transformé en aigle Odin s’enfuit vers son palais poursuivi par Suttung lui aussi métamorphosé en aigle.

Bolverkr persuada Baugi de creuser un trou dans la montagne Hnitbjörg avec le foret Rati. En soufflant dans le trou Odin réalisa que la poussière revenait vers lui et il comprit que Baugi n’avait pas complétement percé le trou. Il l’obligea à terminer son travail. La seconde fois où Odin souffla dans le trou la poussière ne ressortit pas preuve que le trou débouchait dans une cavité alors il se transforma en serpent, se glissa dans le trou jusqu’à Gunnlod avant que Baugi n’ait pu le frapper avec la tarière.

« Odin et Gunnlod »  Johannes Gehrts
« Le vol de l’hydromel poétique, créé du sang de Kvasir » Manuscrit de l’Edda SÁM 66.

Serré de prés Odin recracha rapidement l’hydromel dans les récipients préparés par les Ases. C’est pour cela que la poésie porte le nom de la «semence du bec et l’aigle». Dans sa précipitation quelques gouttes tombèrent au sol; elles sont destinées aux rimailleurs.